ÊTRE LU

Pourquoi voudrais-je être lu de votre oeil jugement
Qui, de toute façon, ne pourra s'y pencher ?
Arborant les couleurs de ma chair déhanchée,
D'abject propos, vous vomirez hargneusement.

Mon fleuve de pensées, vous y naviguerez,
Tranchant ma peau de rudes mouvements de rames,
Scrutant mon visage, rempli dûment de larmes,
Et jouissant de tout plaisir, vous y voguerez.

Nul besoin de vous faire comprendre ma gêne.
La vanité de votre vile présence pue.
Voyeur parasite dont l'insolence put
Observer d'un peu trop près mon peuple indigène.

Jamais je n'aurais cru être lu par vos yeux,
À labourer mes terres pour vous satisfaire.
Fertiliser mes vers, chérir notre adultère.

Lecteur charnel, pris à flirter un demi-dieu.
Ce doux goût de l'érable égaye mes désirs.
Lu dans vos scrupules, j'en goûte le plaisir.